31/10/2018
Zéro gâchis mais plein de questions
Parmi les différentes présentations de cette édition 2016, la conférence sur la couture, « Zero waste » par Mylène L’Orguilloux, peut paraître hors sujet au premier abord. On se dit que c’est sympa parce qu’elle parle de limiter le gâchis et que ça fait partie des considérations actuelles de notre société, mais pas de notre domaine professionnel.
Et pourtant.
Pourtant, on peut (et Sud Web nous y incite fortement) faire plusieurs rapprochements avec nos façons de travailler.
Si on garde le point de vue citoyen, on a nous aussi des questions à se poser vis-à-vis de l’empreinte écologique de nos métiers. Je me rappelle d’ailleurs de la conférence « Internet et les TIC, pas très écologiques ? » de Luc Poupard où j’ai appris que ça allait bien plus loin que je n’imaginais.
À notre tour de nous poser des questions : Quels sont les gâchis dont nous sommes responsables, Quels sont les impacts de notre système sur les ressources de la planète ? Comment faire mieux ?
Mais on peut aussi y voir d’autres choses. Le jeu des questions-réponses à la fin de la conférence a donné des pistes en ce sens.
Car cette conférence n’a pas que proposé un système pour éviter le gâchis. Cette conférence nous dit qu’on peut – et doit – se poser des questions sur le domaine dans lequel on travaille. Et qu’on ne doit pas s’empêcher de remettre en question une industrie sous prétexte que les standards sont établis depuis des décennies et que les changer serait compliqué. On peut et on doit voir les problèmes que le système établi entraîne (depuis toujours ou parce que les choses changent) et chercher des solutions.
Pour ne ramener ce parallèle qu’à notre domaine professionnel, Sud Web nous parle là de garder l’esprit ouvert par rapport à nos habitudes (de conception, de développement) et à penser en fonction de notre contexte actuel (qui, dans le web, est toujours différent de ce qu’il était un an plus tôt).
De plus, le web est encore jeune. On a (peut-être) quitté la phase du défrichement, on est encore dans de l’artisanat (même si on a mis en place quelques automatisations) ; on n’est pas encore à une échelle industrielle mais on est en train de la préparer.
Prend-on le risque de s’enfermer dans une industrie qu’on ne saura plus bouger ? Est-ce un risque inévitable ? Réussira-t-on toujours à garder de la place pour les “petits”, pour les “différents” qui en fait apportent un regard que l’on n’aurait pas, et donc de l’innovation ?
Nos frameworks, si efficaces et qui nous font gagner à la fois du temps et de l’homogénéité, vont-ils en fait se refermer sur nous et va-t-on s’enfermer dans des systèmes qui nous laisseront bien moins créatifs que ces premières années de web où tout est possible ?
Un autre parallèle que l’on peut faire, c’est le fonctionnement en silo. La complexification du web a entraîné des spécialisations par métier de plus en plus ajustées. Or, Mylène nous fait remarquer que dans l’industrie de la couture les changements sont difficiles puisque la main gauche (le modiste) ignore ce que fait la main droite (la production). Comment faire, dans le web et le numérique, pour éviter cet écueil et rester proches des problématiques les uns des autres ? Le pair-programming, les principes de l’agile, les démarches qualité et transverses telles que Opquast, sont des premiers éléments de réponse. Est-ce que cela suffira ou faut-il aller plus loin ?
Beaucoup de questions auxquelles je ne sais pas répondre (et vous ?) mais qui doivent, à mon sens, nous rester à l’esprit à nous professionnels du web du début du 21e siècle, c’est-à-dire de ceux qui vont donner une première direction au web industriel.
Voir aussi le retour de Pierre-Yves : Sud Web 2016 @ Bordeaux ; et celui d’Isabelle : Sud Web ou comment j’ai découvert mes super pouvoirs.
Photo : Sud Web