Comment intégrer une lA générative au sein de votre organisation ?

Julien, peux-tu te présenter et nous parler un peu plus de MFG Labs ?

Julien : Je suis le Managing Partner de MFG Labs, une entité du groupe ekino spécialisée dans les données et l’intelligence artificielle. MFG Labs a été fondée il y a environ 14 ans par des mathématiciens, ce qui donne à notre entreprise un ADN très mathématique. Notre mission est d’aider les entreprises à prendre de meilleures décisions, optimiser leurs processus et créer de nouveaux services grâce aux données et aux mathématiques appliquées, y compris l’IA.

On parle beaucoup d’IA Générative, surtout depuis la sortie de ChatGPT. Qu’est-ce que l’IA Générative selon toi ?

Julien : Depuis la sortie de ChatGPT en novembre 2022, l’IA est devenue très populaire auprès du grand public. Aujourd’hui, quand les gens parlent d’intelligence artificielle, ils pensent souvent à l’IA Générative, bien que l’IA soit un domaine bien plus vaste. L’IA Générative est effectivement une technologie révolutionnaire, mais il ne faut pas oublier que l’IA dans son ensemble est un domaine développé depuis plus de 40 ans.

Comment définirais-tu l’intelligence artificielle en une phrase ?

Julien : L’intelligence artificielle consiste à utiliser des machines pour réaliser des tâches normalement effectuées par des humains. C’est une définition parmi tant d’autres, mais elle capture l’essentiel.

Et l’IA Générative, comment la définirais-tu ?

Julien : L’IA Générative crée du contenu de manière conditionnelle. Par exemple, un modèle génératif de texte fonctionne en créant des phrases mot par mot, ou plutôt token par token, en fonction du début de la phrase. Pour les images, c’est similaire, l’image est générée en fonction des instructions initiales. Mais il est important de noter que l’IA Générative ne se limite pas à la génération de contenu, elle comprend et synthétise aussi les informations, ce qui ouvre une multitude d’usages.

Beaucoup d’entreprises se demandent comment utiliser cette IA. Quels sont les prérequis pour l’intégrer ?

Julien : Les entreprises doivent d’abord comprendre les capacités et les limites de l’IA, notamment le problème des hallucinations où l’IA peut produire des informations incorrectes avec confiance. Lorsque vous conversez avec un LLM (IA générative de texte), vous échangez des données : il est donc essentiel de connaître les conditions générales d’utilisation du LLM que vous utilisez. Ensuite, pour développer des cas d’usage vraiment scalables, vous devrez permettre à l’IA Générative d’interagir avec votre écosystème informatique existant (CRM, bases de données).

Peux-tu donner un exemple concret d’utilisation de l’IA Générative en entreprise ?

Julien : Bien sûr. Prenons un directeur marketing qui souhaite utiliser un LLM pour accéder à des données clients, identifier ceux qui n’ont pas interagi depuis six mois et générer des emails de relance personnalisés. Cela implique d’utiliser des interfaces programmatiques pour extraire des données (par exemple une segmentation), puis de générer des contenus personnalisés conditionnellement à ces informations.

Tu as mentionné l’importance de l’empathie dans les interfaces de demain. Peux-tu expliquer ce concept ?

Julien : L’empathie dans les interfaces signifie que le modèle doit comprendre et s’adapter au contexte de l’utilisateur. Cela inclut non seulement des réponses factuelles, mais aussi des réponses qui prennent en compte les émotions et les intentions de l’utilisateur. Entraîner un modèle à avoir de l’empathie implique de lui inculquer des valeurs et des comportements souhaités (ce qu’on appelle l’alignement), ce qui est encore assez nouveau mais prometteur.

Quels conseils donnerais-tu aux chefs d’entreprise pour intégrer l’IA Générative ?

Julien : Je leur conseillerais d’abord d’expérimenter la technologie, dans un environnement contrôlé : il faut tester pour en comprendre le potentiel, ainsi que les limites. Une fois la technologie testée « intuitivement », c’est le moment de réfléchir aux cas d’usage. Et n’attendez pas avant de mettre en place une gouvernance, même minimale, pour encadrer ces cas d’usage.

Pour conclure, quel serait ton dernier conseil pour les entreprises ?

Julien : Mon dernier conseil serait de bien choisir les cas d’usage par lesquels commencer : un choix trop ambitieux risque d’être déceptif, et donc de freiner l’adoption de cette technologie qui sera considérée comme immature. C’est une difficulté classique de l’adoption des nouvelles technologies. Commencez par des applications où l’IA générative peut apporter une valeur ajoutée tout en limitant les risques (favorisez l’analyse plus que la génération). Et surtout, gardez en tête que l’IA doit être un outil pour améliorer et non remplacer la prise de décision humaine.